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Pour vivre heureux, faut-il vivre débranché ?
C’est en tout cas ce que pensent les partisans du « off the grid » (que l’on pourrait traduire par « hors-réseau »), un courant de pensée porté par les tenants du survivalisme et qui préconise une complète indépendance énergétique, indépendamment de toute alimentation en réseau, que ce soit pour l’électricité, le gaz ou même l’eau.
Une formule qui gagne du terrain
Aux Etats-Unis où le concept est né, un nombre croissant de particuliers choisit de ne plus se raccorder à l’eau ou à l’électricité. D’après le quotidien USA Today, ils étaient déjà plus de 180.000 à vivre hors-réseau en 2006. En Finlande, encouragées par la politique volontariste du gouvernement en matière de gestion des ressources naturelles, qui prévoit 38% d’énergies renouvelables d’ici 2020, des communautés – de quelques habitations à un quartier – ont renoncé au réseau de distribution d’électricité sans pour autant sacrifier leur confort. Elles ont recours à des systèmes solaires combinés à des éoliennes ou à des centrales énergétiques alimentées par des copeaux de bois. Le principe de la maison passive – une habitation qui produit autant d’énergie renouvelable qu’elle n’en consomme – gagne également du terrain dans les autres pays d’Europe.
Les grandes entreprises ne sont pas en reste non plus. Ainsi, au pays de l’Oncle Sam, où les coupures d’électricité sont devenues de plus en plus fréquentes en raison de l’âge du réseau et des récents événements météorologiques extrêmes, de nombreuses compagnies commerciales comme le géant du numérique Google et la chaîne de grande distribution Wall-Mart investissent dans la production d’électricité – panneaux solaires, éoliennes, etc. – pour alimenter leurs bâtiments et équipements. Certaines d’entre elles envisagent même dans un avenir très proche de tirer toute leur énergie de sources entièrement renouvelables et autoproduites.
L’Afrique, bientôt le premier marché mondial du hors-réseau ?
Paradoxalement, c’est surtout sur le continent africain que l’industrie du hors-réseau risque d’exploser dans les prochaines années. Dans les zones rurales de l’Afrique sub-saharienne où vit 63% de la population, l’accès à l’électricité est difficile, voire impossible, à cause de l’éloignement et du manque d’infrastructures. La solution réside dès lors dans le « off the grid ». Selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie, en 2040, deux tiers des mini-réseaux des zones rurales seront alimentés par le solaire photovoltaïque, de petites centrales hydroélectriques ou l’éolien. Ces installations simples auront un impact important sur le quotidien des Africains, et celui des femmes en particulier. Très souvent utilisées comme commerciales pour présenter les solutions hors-réseau aux membres de leur communauté, celles-ci obtiennent par la même occasion une relative indépendance financière.
Une solution à l’échelle locale
La vie sans réseau électrique n’est donc plus une utopie mais elle ne constitue pas pour autant LA solution à tous les problèmes énergétiques. Elle représente certes une alternative environnementale et économique intéressante pour les projets locaux mais ne peut pas être appliquée à l’échelle d’un pays. Se posent également les problèmes de capacité de production et de coût. Quand il y a surproduction, il est impossible d’écouler le courant si l’on n’est pas branché au réseau de distribution et, inversement, il n’est pas possible de faire appel à une autre source d’énergie en cas de rendement trop faible. Les coûts ne sont pas négligeables non plus. Si assurer une autonomie électrique ne coûte pas trop cher en Afrique en raison des conditions climatiques favorables, ce n’est pas le cas dans nos contrées. Construire une maison zéro énergie entraîne un surcoût qui sera au mieux rentabilisé en dix ans. Un tel budget n‘est pas nécessairement à la portée de tout le monde.
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