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La blockchain pourrait-elle faciliter la transition énergétique ?
Blockchain ou chaîne de blocs : derrière ce nom énigmatique se cache une technologie numérique qui fait de plus en plus parler d’elle. Sa principale qualité est de permettre l’échange d’informations, et en particulier la réalisation de transactions, de manière décentralisée, transparente et sécurisée, et ce sans tiers de confiance supervisant l’ensemble. Son usage le plus connu est le bitcoin, une cryptomonnaie, mais d’autres applications sont possibles dans des secteurs comme la finance, les assurances, la traçabilité des produits alimentaires et… les réseaux d’énergie intelligents.
La blockchain pourrait en effet être une réponse aux transformations en cours dans le secteur de l’énergie. Depuis plusieurs années déjà, de nombreux projets tentent de faire émerger des microréseaux d’électricité basés sur l’autoconsommation collective en ayant recours à cette technologie. Concrètement, comment cela fonctionne ? Pour simplifier, prenons l’exemple suivant. Madame A produit de l’électricité avec ses panneaux solaires. Son voisin, Monsieur B, dispose d’un système de stockage d’électricité qu’il remplit avec la production de Madame A ou avec le réseau électrique. D’autres voisins consomment de l’électricité qu’ils achètent localement à Madame A, à Monsieur B ou au réseau électrique. Une place de marché en ligne est mise sur pied pour gérer tous ces microéchanges. Chacun y définit ses besoins et ses contraintes (prix, quantité d’énergie, horaires de consommation, etc.). Pour superviser le tout, faire appel à des tiers de confiance comme une banque coûterait trop cher. Avec la blockchain, le problème ne se pose plus. Celle-ci enregistre de manière distribuée et sécurisée les transactions d’énergie en faisant office de tiers de confiance. Tous les membres du microréseau sont informés en temps réel de chaque transaction.
Des communautés énergétiques à l’e-mobilité
L’échange d’électricité n’est qu’une des possibilités offertes par la blockchain. Celle-ci permettrait aussi la certification d’informations telles que la production d’énergies vertes. En France, the Energy Origin (TEO), une start-up incubée par le groupe industriel ENGIE, a mis au point une solution capable de certifier pratiquement en temps réel toutes sortes d’énergies renouvelables, y compris le biogaz et l’hydrogène. En la combinant avec des solutions d’objets connectés telles que les compteurs intelligents, la blockchain rendrait accessibles d’autres usages à forte valeur ajoutée comme l’archivage de la production et de la consommation d’énergie sur base de laquelle est réalisée la facture ou l’intégration du suivi des coûts de gestion du réseau en temps réel permettant d’ajuster le coût facturé.
La blockchain pourrait également contribuer au développement de la mobilité électrique. Ainsi, en novembre 2017, sept partenaires européens de stations de recharge de véhicules électriques ont testé avec succès un système de paiements en itinérance pour les trajets longue distance. Les données des différents opérateurs dans les différents pays étaient centralisées pour simplifier la charge pour l’utilisateur. Il suffisait à celui-ci de se connecter à une application mobile pour envoyer une requête ouvrant l’accès à la borne. La transaction était réalisée par l’intermédiaire d’un portefeuille virtuel permettant à l’usager de choisir librement son mode de paiement tout en conservant l’historique de ses achats. En Allemagne, un projet, lancé initialement par la société de services publics RWE, donne la possibilité aux particuliers de louer leurs stations de recharge en mode P2P (peer-to-peer ou pair-au-pair). Ceux-ci peuvent fixer leur prix en optant pour des tarifs forfaitaires, des taux établis en fonction du temps ou indexés sur le prix de l’électricité. Les utilisateurs peuvent les retrouver facilement grâce une application dédiée qui leur indique les stations de recharge les plus proches.
Rentabilité incertaine et forte consommation en électricité
Même si ses atouts sont importants, rien ne dit que la blockchain parviendra pour autant à s’imposer dans le secteur énergétique. Un certain nombre de problèmes subsistent. À commencer par sa rentabilité : les nombreuses expérimentations ont certes prouvé sa faisabilité technique, mais pas encore sa faisabilité commerciale. Une autre interrogation concerne sa forte consommation en électricité. Le processus de vérification des transactions (le « minage ») requiert une énorme puissance informatique afin de résoudre des calculs complexes. Le coût en énergie devient même prohibitif si on y ajoute celui déjà élevé des data centers. À cela viennent également se greffer des incertitudes d’ordre social, juridique et réglementaire. Le public est-il prêt à accepter cette technologie et à modifier ses comportements ? Les marchés énergétiques locaux gérés par la blockchain pourront-ils s’intégrer facilement dans un marché aussi réglementé que celui de l’énergie ? À l’heure actuelle, ces questions restent toujours sans réponse…
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