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La vague de l’hydrogène sera-t-elle porteuse pour les navires?

Un bateau fonctionnant à l’hydrogène et aux énergies renouvelables, sans voile et pourvu de deux gigantesques ailes : cela ressemble à de la science-fiction mais ce n’en est pas. Ce bateau futuriste a pour nom Energy Observer et a entamé en avril 2017, au départ du port de Saint-Malo en France, un périple en 101 escales qui doit durer six ans et passer par 50 pays. Son objectif : prouver au grand public, aux collectivités locales et aux entreprises que la transition énergétique est possible en testant et en éprouvant des technologies embarquées en milieu extrême. 

Un bateau laboratoire de 30 tonnes

Ce projet fou dont l’Unesco est partenaire est dû à l’initiative de deux passionnés de la mer : Victorien Erussard, un coureur au large officier de marine marchande, et Jérôme Delafosse, un scaphandrier professionnel. Ensemble, ils décident de transformer un ancien catamaran de course en navire expérimental, le premier bateau fonctionnant grâce à un mix d’énergies renouvelables et un système de production d’hydrogène décarboné à partir de l’eau de mer.

Ce maxi-catamaran de 30 tonnes est équipé de panneaux photovoltaïques, de deux éoliennes et de deux moteurs électriques réversibles en générateurs permettant de produire de l’électricité lorsque le bateau est tracté ou amarré dans une zone à fort courant. Ses deux systèmes de stockage sont des batteries lithium-ion et de l’hydrogène comprimé converti en électricité grâce à une pile à combustible. En escale, le navire charge ses batteries grâce aux panneaux solaires et aux éoliennes. Lorsqu’elles sont pleines, le surplus d’énergie est valorisé en produisant de l’hydrogène par électrolyse de l’eau de mer. En navigation, le jeu est d’équilibrer les consommations électriques de propulsion et de vie de bord en utilisant directement les énergies renouvelables. Lorsque les conditions se dégradent, pour prolonger l’autonomie du bateau, la pile à combustible restitue l’énergie hydrogène en électricité.

Depuis avril 2019, le catamaran est équipé de deux ailes supplémentaires. D’une hauteur de 6 mètres, ces voiles compactes rotatives, automatisées et abaissables captent mieux l’énergie du vent, permettent de produire de l’hydrogène pendant une à deux heures par jour et augmentent la vitesse du navire tout en diminuant sa consommation énergétique. Grâce à ces innovations technologiques, Energy Observer a parcouru fin juin 2019 près de 23.000 kilomètres, visité 22 pays et réalisé 41 escales. Et le tout sans l’aide d’aucune énergie fossile !

L’hydrogène, pas si propre que cela

L’équipage et les partenaires d’Energy Observer ne sont pas les seuls à croire dans le potentiel de l’hydrogène. Plusieurs initiatives concrètes ont déjà été lancées. Des petits bateaux à hydrogène comme des navettes fluviales, des ferries ou des navires de plaisance circulent déjà et des armateurs envisagent de l’utiliser pour propulser des bateaux au tonnage beaucoup plus important. Les plus avancés en la matière sont les Norvégiens de Viking Cruises. La compagnie de croisière prépare à l’horizon 2025 un modèle de navire à hydrogène liquéfié, le Viking FellowSHIP, long de 230 mètres et pouvant transporter 900 passagers.

Mais qu’en est-il des géants des mers comme les paquebots, cargos, porte-containers et autres tankers qui d’ici 2020 pourraient bien devenir la plus importante source de pollution de l’air dans l’Union européenne[1] ? Les expérimentations se multiplient mais les délais semblent excessivement longs. Les plus optimistes estiment que les développements pour les plus gros bateaux ne seront pas opérationnels avant la fin de la décennie 2020.

Se pose également la question de savoir comment sera produit cet hydrogène. Contrairement aux idées reçues, l’hydrogène ne produit aucune énergie par lui-même mais stocke une énergie produite que la pile à combustible libère. Pour pouvoir faire fonctionner une pile à combustible, l’hydrogène doit avoir été mis sous pression, ce qui nécessite de l’énergie. Actuellement dans le monde, 95% de l’hydrogène sous pression est produit à partir d’énergies fossiles. Pour que l’hydrogène soit réellement propre, il faut qu’il soit produit à partir d’énergies renouvelables comme c’est le cas pour Energy Observer. Or rien ne dit que celles-ci seront capables de produire dans un futur proche une quantité suffisante d’hydrogène pour faire avancer les milliers de monstres flottants qui sillonnent inlassablement les mers et les océans du globe.

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