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Les super grids, des autoroutes de l’électricité à l’échelle d’un continent
Tous les prévisionnistes s’accordent à le dire : sous l’impulsion des géants démographiques que sont l’Inde et la Chine, la demande d’électricité devrait augmenter de 50 à 75% d’ici 2030. Pour faire face à cette hausse importante tout en tenant compte de la diminution des ressources fossiles et du réchauffement climatique, le recours massif aux énergies renouvelables semble inévitable. Mais comment les intégrer dans les réseaux électriques lorsque les sites potentiels ou existants de production sont répartis de manière hétérogène et souvent loin des grands centres de consommation ? Il existerait une solution : les super grids, de véritables autoroutes de l’électricité capables de transporter de très grandes quantités et sur de très grandes distances.
Un impact environnemental, politique et économique
Contrairement aux réseaux traditionnels qui utilisent un courant alternatif, les super grids, ou super réseaux, s’appuient sur des lignes à Courant Continu Haute Tension (CCHT). Ces lignes CCHT présentent un double intérêt : elles diminuent non seulement les pertes d’électricité induites par le transport sur de très longues distances – plus de 1.000 kilomètres – mais elles mobilisent moins d’espace et peuvent être enfouies sous terre ou dans la mer.
Les super grids faciliteront ainsi la connexion entre les zones de consommation lointaines et les centres de production de sources renouvelables (principalement éolien, solaire et hydraulique), souvent situés dans des endroits où la densité du réseau électrique est faible. Et ce à travers tout un continent comme l’Europe ou un immense pays comme la Chine ! L’impact de cette mise en commun de l’électricité entre pays d’un même continent sera considérable, tant sur le plan environnemental qu’économique ou politique. Avec l’économie d’échelle, les prix de l’énergie seront à terme réduits. Les sources d’énergie renouvelables devenant plus facilement disponibles, l’indépendance énergétique des pays participants augmentera. Et si on rend les super grids intelligents grâce à la technologie des smart grids qui ajustent en temps réel l’offre et la demande, il sera même possible de contrôler et de maximiser la diffusion d’énergie à une très grande échelle.
Des contraintes financières et techniques
Cela dit, il faut raison garder. Si le projet des super grids semble ambitieux et prometteur, il se heurte à de nombreuses contraintes dans sa réalisation. Il existe certes de grands chantiers d’envergure, notamment au sein de l’Union Européenne, mais ceux-ci vont prendre plusieurs années avant de voir le jour.
Le premier obstacle est d’ordre financier : déployer des projets à l’échelle d’un continent nécessite des investissements colossaux, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliards d’euros ! La structure des coûts peut également poser problème. Qui réalise les investissements ? Comment sont répartis les bénéfices financiers engendrés ? Un prix unique sera instauré sur tout le réseau ou celui-ci devra-t-il dépendre de la source de production et de son éloignement ?
Viennent ensuite d’importantes contraintes techniques. Ainsi, les équipements, tels que les convertisseurs de tension ou les transformateurs, doivent être capables de supporter un courant continu de 800 kilovolts (contre 400 actuellement) et sur de plus grandes distances. L’enfouissement des lignes sous terre ou dans la mer pose des problèmes d’isolation. Pour limiter l’effet Joule (le dégagement de chaleur provoqué par le passage d’un courant électrique dans un matériau conducteur) et diminuer les pertes d’électricité, il faut développer des câbles à très basse température.
Enfin, il y a un autre enjeu et celui-là est fondamental : comment ces autoroutes de l’électricité vont-elles pouvoir garantir une disponibilité énergétique permanente, y compris pendant les périodes de pics ? Même les autoroutes les plus larges peuvent connaître des encombrements. Les automobilistes du monde entier en savent quelque chose…
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