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Quand les géants du web se lancent dans la transition énergétique

On a un peu tendance à l’oublier mais l’ère numérique dans laquelle nous vivons utilise une énorme quantité d’énergie. D’après de nombreuses études, l’économie digitale, qui regroupe l’univers internet, les réseaux, les crypto-monnaies, la technologie blockchain et les centres de stockage pèsera d’ici 2020 pour 20% dans la consommation électrique mondiale ! Avec une croissance en besoins énergétiques de l’ordre de 10% par an, Internet sera bientôt le premier consommateur d’électricité au monde, dépassant la Chine et les États-Unis.

La face cachée du streaming et des Big Data

Cette boulimie énergétique s’explique pour plusieurs raisons. La première est due à l’explosion du nombre d’internautes qui devrait passer de 3,9 milliards à 5 milliards à l’horizon 2020. La deuxième est d’ordre technique. Le fonctionnement des technologies de l’information et de la communication nécessite de nombreux outils très énergivores. Avec l’avènement du cloud, du streaming, des Big Data et de l’intelligence artificielle, d’immenses data centres et des fermes de serveurs (data farms) où sont stockées des centaines, voire des milliers d’unités de stockage, ont poussé un peu partout dans le monde. Or ceux-ci doivent être alimentés en énergie et refroidis en permanence et consomment parfois autant que des villes de 30.000 à 70.000 habitants !

Une centrale solaire sur un toit gigantesque

Pointés du doigt, les géants du web se sont peu à peu engagés dans la voie du renouvelable. Présenté comme le premier bon élève par l’association écologique Greenpeace dans son rapport annuel 2017 sur la pollution numérique, Apple a annoncé dès avril 2018 que l’ensemble de ses activités dans le monde repose désormais sur une énergie 100% renouvelable, y compris dans ses centaines de magasins, ses dizaines de data centres et son nouveau campus Apple Park à Cupertino en Californie, qui inclut une véritable centrale solaire sur toute la surface de son gigantesque toit.   

Depuis 2007, Google a lancé un ambitieux projet interne pour rationaliser son utilisation des ressources électriques. Grâce à l’analyse d’une multitude de données recueillies par les capteurs de ses data centres, il est parvenu à diminuer de 50% les besoins d’électricité de ces sites. En parallèle, il a signé des contrats avec des parcs éoliens et des fermes solaires aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Europe du Nord. En avril 2018, Google affirmait même avoir atteint l’objectif du bilan carbone neutre et être devenu le premier acheteur mondial d’électricité propre. Quelques mois plus tard, en janvier 2019, la firme de Mountain View a annoncé sa volonté de produire elle aussi de l’énergie verte avec la prochaine construction conjointe de deux centres de données et de deux parcs solaires dans le sud-est des États-Unis. Chaque data centre sera directement alimenté par une ferme photovoltaïque d’une puissance de 150 MW.

Des data centres sous-marins

Microsoft investit également en masse dans des projets solaires et éoliens en Irlande, aux Pays-Bas et aux États-Unis. La firme de Redmond va même plus loin en multipliant les projets innovants. En juin 2018, elle a engagé une nouvelle phase de son projet Natick qui consiste à tester des centres de données sous-marins alimentés par l’énergie des courants marins et refroidis par circulation d’eau de mer. Un data centre sous la forme d’un cylindre de douze mètres de long avec 864 serveurs a ainsi été immergé par 35 mètres de fond au large des îles Orcades au nord de l’Ecosse. Il est prévu pour fonctionner pendant 5 ans sans aucune maintenance.

Facebook a également affiché son objectif de passer au 100% renouvelable – ce sera d’ici 2020 – et va investir près d’un milliard de dollar dans son premier centre de données en Asie. Opérationnel à partir de 2022, le bâtiment de 170.000 mrépartis sur onze étages sera notamment doté d’un nouveau système de refroidissement baptisé StatePoint Liquid Cooling qui utilisera l’eau à la place de l’air.

Le business avant tout

Si les géants du web investissent dans un secteur bien éloigné de leur cœur de métier, ce n’est pas uniquement pour soigner leur image de marque. C’est aussi pour se préparer à l’ouverture de nouveaux marchés. Les énergies renouvelables leur permettent de réduire leur facture énergétique devenue de plus en plus lourde ainsi que leur dépendance à des fournisseurs d’énergie classique, fournissent des coûts d’énergie stables et accroissent leur compétitivité. Bref, que l’on ne s’y trompe pas, si les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) sont devenus les acheteurs les plus importants au monde d’énergies renouvelables, c’est parce qu’ils y ont vu une opportunité d’améliorer leurs bénéfices. Le business reste avant tout le business.

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